Cancer de prostate, c’est quoi la surveillance active ?
Après la découverte d’un cancer de la prostate, le médecin peut proposer un traitement inattendu : la surveillance active. Elle consiste à ne pas donner de traitement aux patients : pas de chirurgie, pas de radiothérapie, pas d’hormonothérapie, pas de chimiothérapie. Aucun traitement, juste une surveillance pour voir si le cancer reste stable ou bien s’il évolue.
Pourquoi proposer à quelqu’un qui a un cancer de ne pas avoir de traitement ?
Cela se fait dans le cancer de la prostate parce qu’il s’agit d’un cancer qui souvent évolue très très lentement. Certains hommes ont un cancer de la prostate qui ne les rendra jamais malades et qui ne les fera jamais mourir. Ils ont juste quelques cellules anormales au sein de la prostate, qui n’entraîne aucun effet négatif.
À côté de cela, les traitements pour le cancer de la prostate, eux, entraînent des effets indésirables souvent important. Ces traitements du cancer de la prostate peuvent entraîner :
- Des problèmes urinaires, jusqu’à une incontinence,
- Des troubles sexuels comme un problème d’érection,
- Un arrêt d’éjaculation,
- Des modifications importantes de l’éjaculation, ainsi que des modifications de l’orgasme,
- Des dépressions,
- Une fatigue importante…
Surveillance active du cancer de la prostate, quels avantages ?
La surveillance active d’un cancer de prostate permet d’éviter les surtraitements, c’est-à-dire les traitements trop lourds par rapport à l’agressivité du cancer.
La surveillance active permet de n’avoir aucun effet indésirable des traitements pour le cancer de la prostate. Elle permet de ne pas avoir de multiples rendez-vous de radiothérapie, de ne pas se faire opérer et de ne pas risquer une anesthésie, de ne pas avoir besoin de rééducation après la chirurgie…
Et elle permet de continuer à mener une vie sexuelle sans écueil.
Et puis, quand on propose à un homme une surveillance active, c’est que son cancer de la prostate est peu évolué, peu agressif et à faible risque. Donc c’est plutôt une bonne nouvelle.
Pourquoi une surveillance active et pas une surveillance tout court ?
C’est que certains hommes en surveillance ont un cancer de la prostate qui va finir par évoluer et pour lesquels le médecin recommandera de commencer un traitement. Donc il faut être actif pour surveiller, ne pas laisser le cancer évoluer.
Surveillance active du cancer de la prostate, ça consiste en quoi ?
La surveillance du cancer se fait par différentes actions :
- Des examens cliniques avec un toucher rectal et des questionnaires sur les symptômes,
- Des prises de sang pour le suivi des PSA (antigènes spécifiques de prostate),
- Des IRM,
- Des biopsies,
Ces examens sont organisés par l’équipe soignante et il est important de bien les suivre.
La surveillance active pour un cancer de prostate, ça dure combien de temps ?
La surveillance active dure aussi longtemps que le cancer n’évolue pas, que la surveillance montre qu’il est stable. A partir du moment où le cancer évolue, un traitement est immédiatement proposé.
On sait par des études qu’au bout de 5 ans de surveillance active d’un cancer de la prostate, 60 à 67 % des hommes sont toujours en surveillance active. Cela signifie que 33 ) 40 % d’entre eux ont fini par avoir une évolution du cancer donc un traitement.
La surveillance active a permis à tous ces hommes de gagner des années de vie sans traitement, donc sans conséquence gênante des traitements.
Surveillance active du cancer de la prostate, c’est pour qui ?
En cas de cancer de prostate, la surveillance active est proposée seulement aux hommes :
- Qui ne ressentent aucun symptôme,
- Qui ont un taux de PSA inférieur à 10 ng/ml,
- Donc les bioposies présentent peu d’échantillons positifs,
- Chez qui le cancer est de bas grade (score de Gleason de 6), limité à votre prostate,
- Dont le toucher rectal ne met pas en évidence de tumeur localement avancée.
Surveillance active du cancer de la prostate, je prends risque ?
Quand on a un cancer et qu’on ne le soigne pas, la première question c’est : est-ce que je risque de laisser évoluer ce cancer de la prostate et de vivre moins longtemps ?
Non, la surveillance active est sûre. En effet, les médecins préfèrent généralement soigner leur patient que d’attendre sans faire grand-chose. Alors, quand ils proposent une surveillance active, c’est qu’ils sont certains que pour cet homme, c’est une bonne option.
Environ 25% à 30% des hommes sous surveillance active finissent par avoir un traitement, parce que leur cancer commence à progresser.
Avec les traitements qui sont alors proposés, le taux de guérison demeure le même que s’ils n'avaient pas été en surveillance active.
Est-ce que j’ai le droit de choisir la surveillance active ?
La décision de choisir la surveillance active se fait en réunion de concertation pluridisciplinaire avec plusieurs médecins (radiothérapeute, oncologue, urologue…) afin de discuter à plusieurs spécialistes de la meilleure décision pour chaque patient.
En effet, seuls certains types de cancers peuvent être pris en charge en surveillance active.
Pour les cancers agressifs (même un peu agressifs seulement), évolués (même un peu évolués seulement), la surveillance active n’est pas une bonne option, car on sait qu’ils sont évolutifs. Donc il ne faut pas attendre pour un traitement.
Après la réunion de concertation pluridisciplinaire, une stratégie est proposée à chaque homme concerné. Et cela peut donc être la surveillance active.
Cela peut être un traitement par chirurgie, une curiethérapie, une radiothérapie, une hormonothérapie. Mais bien sûr, après une proposition de traitement, chacun a le droit de refuser un traitement… à condition d’avoir été bien informé et d’avoir conscience des risques.
Puis-je refuser une surveillance active pour mon cancer de prostate ?
Oui. Environ 10 % des hommes refusent la surveillance active du cancer de prostate et demandent un traitement. C’est leur droit.
S’ils refusent et veulent un traitement, c’est que savoir que notre prostate héberge des cellules cancéreuses, ça peut être angoissant, même quand on sait que ces cellules ne sont pas agressives. Quand c’est moralement trop difficile à supporter, chacun peut demander un traitement.
Au total, choisir la surveillance active, ce n’est pas ignorer son cancer, c’est le surveiller avec rigueur, en évitant les traitements inutiles. C’est une décision éclairée, partagée avec l’équipe médicale, qui permet à de nombreux hommes de vivre sans subir, tout en gardant le contrôle de leur santé. Quand elle est bien indiquée et acceptée, la surveillance active est une chance.
Sources :
- Association Française d’urologie (AFU) : Quelle place pour la surveillance active du cancer de la prostate ?
- Association Française d’urologie (AFU) : SURVEILLANCE ACTIVE POUR PRISE EN CHARGE D’UN CANCER DE LA PROSTATE
- Société canadienne du cancer : Surveillance active du cancer de la prostate
-Procure Cancer Prostate (organisme canadien de bienfaisance dans la lutte contre le cancer de la prostate): Surveillance active
- New England Journal of Medicine Fifteen-Year Outcomes after Monitoring, Surgery, or Radiotherapy for Prostate Cancer
Dr N. Szapiro
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